Vous êtes ici :

Dramatiser pour dédramatiser

Information importante

Cette actualité a été archivée. Les informations qui y figurent sont peut-être devenues obsolètes depuis sa publication. 

16/09/2019

Faire intervenir sur scène, à tour de rôle, des comédiens improvisateurs et des soignants, philosophes, ingénieurs… pour aborder autrement des sujets peu traités. C’est la drôle – mais efficace idée – qu’a eue l’Espace de réflexion éthique du Grand Est (Erege), pour confronter les futurs soignants aux questionnements qu’ils rencontreront au fil de leur carrière.

Des non-médecins en blouse blanche, debout sur la chaire, incarnent à tour de rôle un poseur de diagnostic de la guidola, mystérieux mal attrapé par consommation excessive de pizza, ou un patient souffrant du non moins loufoque kaobla, qui le fait léviter.

La scène, inhabituelle, se passe dans le grand amphithéâtre de la Faculté de médecine. Pas d’usurpation d’identité derrière ces situations, mais un rendez-vous d’un genre nouveau. Baptisée « conférence improvisée » à défaut d’un terme existant plus adéquat, l’initiative en revient à l’Erege, qui a fait de la promotion de la réflexion éthique son cheval de bataille. L’idée de conférence improvisée à Strasbourg a d’ailleurs germé lors des Etats généraux de la bioéthique, auxquels il a pris part.

Quatre thèmes ont été définis, un pour chaque soirée : doute et certitude, confiance, mort et tact, à chaque fois dans le soin. Elles se déroulent chaque mercredi soir, jusqu’au 2 octobre. Sur scène, les comédiens sont sensibilisés à ces thématiques complexes pour les néophytes – sans être toutefois trop rentrés dans la technique, le débat devant rester accessible – et encadrés par une metteuse en scène, Garance Guierre. Pour le reste, l’improvisation est reine. La preuve : c’est le public qui forge à coup de syllabes les maladies imaginaires et aiguille par ses votes la suite à donner à l’histoire. L’interaction, voire la provocation, sont volontairement recherchées.

Anciens, actuels, futurs patients

Dans le public, face aux quatre comédiens professionnels de la troupe Once a poney time : des futurs soignants (infirmiers, manipulateurs radio, aides-soignants, sages-femmes, puériculteurs, kinésithérapeutes), qui continueront à travailler en cours les thématiques abordées. Michel Hasselman, professeur honoraire de réanimation médicale et directeur du site d’appui alsacien de l’Erege, précise : « L’idée de départ a été de favoriser le travail entre futurs soignants issus de spécialités diverses, dans l’esprit de la récente réforme ».

Ces conférences improvisées s’adressent donc en priorité aux futurs soignants. Mais pas seulement, l’entrée étant libre à tout un chacun, tous anciens, actuels ou futurs patients que nous sommes.

Médecine algorithmique

Sur scène, la fictive Dr Martine Yolo se débat entre l’envie d’être à l’écoute de ses patients et une salle d’attente qui ne désemplit pas, un enfant malade en manque d’attention et la tentation de quitter l’hôpital pour le libéral… pour finir par confier son patient à un robot diagnostiqueur et chirurgien. Après une demi-heure d’impro, ponctuée de nombreux rires, retour aux choses sérieuses. Les deux conférenciers s’avancent sur le devant de la scène pour rebondir sur le thème amené par les comédiens. C’est la question de l’acceptabilité de la médecine algorithmique, intégrant de plus en plus l'intelligence artificielle, notamment pour le diagnostic, qui retient surtout leur attention. « Certains patients doutent, à tort ou à raison. Mais nous aussi on doute ! » souligne Pierre Gansarski, professeur en informatique et chercheur au laboratoire ICube.

« La vie n’est pas faite de situations binaires, on est tous confrontés à dilemmes éthiques. Montrer que ces questions ne sont pas réservées aux philosophes, c’est notre but avec ce cycle, explique Hélène Gebel, coordinatrice de l’Erege et elle-même intervenante en Institut de formation aux soins infirmiers. Et rappeler aux futurs soignants que la technique ne fait pas tout et que la dimension humaine reste omniprésente… et incontrôlable. » A rebours de la logique traditionnelle des conférences et autres colloques, « on cherche à mettre fin à des certitudes, des évidences. Si le spectateur repart avec davantage de questions qu’à son arrivée, c’est gagné. » Mission accomplie !

Elsa Collobert

Les prochaines conférences improvisées

Plus d'informations

Intervenants : Armand Dirand (responsable missions de l’Espace de réflexion éthique, Bourgogne-Franche-Comté, doctorant en philosophie) et Michel Hasselmann (professeur honoraire de réanimation médicale, directeur du site d’appui alsacien de l’Erege)

Intervenants : Alain Léon (professeur d’anesthésie-réanimation, directeur de l’Erege), et Martine Derzelle (psychologue et psychanalyste)

Intervenants : Anne Danion Grillat (professeure émérite de pédo-psychiatrie) et Israël Nisand (professeur de gynécologie-obstétrique)

Partenaires

Logo du CNRS
Logo Établissement associé de l'Université de Strasbourg
Logo du réseau Epicur
Logo de EUCOR, Le Campus européen
Logo de l'Inserm Grand Est
Logo de l'Inria

Labels

Logo du label Bienvenue en France
Logo du programme HRS4R
Logo du programme France 2030
Logo de Service Public+

Réseaux

Logo de France Universités
Logo de la Ligue européenne des universités de recherche (LERU)
Logo du réseau Udice
Logo de l'Université franco-allemande