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Parcours « oui si » à l’Unistra : l’heure du premier bilan

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08/02/2019

Réaliser sa licence en quatre ans ou suivre des enseignements complémentaires : après un semestre d’application, quel bilan d’étape tirer des parcours adaptés « oui si » ?

En ce vendredi humide du mois de février qui pointe le bout de son nez, Ajla, Elea, Kyllian et Thimaël sont au Platane. Les quatre étudiants ont été acceptés en licence de japonais sous réserve de suivre des cours de soutien méthodologique. Après avoir évoqué « la technique de prise de notes, la cartographie conceptuelle ou la recherche documentaire – bref, la méthodologie du travail universitaire », l’enseignant, Matthieu Louis, va aujourd’hui leur parler de la synthèse de textes. Il a été recruté spécialement par l’Institut de développement et d’innovation pédagogiques (Idip) sur cette mission d’enseignement à la Faculté des langues.

À l’Unistra, tout comme Elea, Thimaël et les autres, 950 étudiants de licence 1 sont en parcours « oui si », dont un quart feront leur licence en quatre ans. Ces parcours, issus de la réforme Parcoursup, constituent une réponse de l’université aux bacheliers1 dont le profil ne correspond pas aux attendus de la licence demandée. « C’est comme un feu clignotant qui leur indique "attention, tu risques de ne pas réussir chez nous", tout en leur proposant les moyens d’y arriver », avance Rachel Schurhammer, vice-doyenne de la Faculté de chimie, qui rappelle que « Parcousup n’autorise pas à refuser un candidat »2.

Un accompagnement bienvenu

Cette situation, comment la vivent les étudiants ? « Au départ, ça m’a embêtée, se souvient Ayla. On est dans un groupe à part, la première année on n’a pas du tout de cours de japonais, seulement de la méthodologie, et même les examens sont différents ! » Comme elle, ils sont nombreux à avoir vu dans cette assignation une punition. Mais la perception semble avoir changé au fil de l’année : c’est ce qui ressort d’une enquête menée par Marie-Pierre Maechling-Mounié auprès des étudiants de la mention Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales (LLCER), dont elle a la charge. « Finalement, ils sont 70 % à percevoir le "oui si" comme une chance ! »

Corollaire du « oui si », l’accompagnement proposé à des étudiants souvent désorientés à l’entrée à l’université n’est sûrement pas pour rien dans cette évolution. À la Faculté de chimie, trois rendez-vous individuels de positionnement sont proposés dans l’année. « On se sent accompagnés, épaulés pour réussir notre entrée à la fac, acquiesce Thimaël, l’étudiant de japonais. Sans cela, « j’aurais été moins motivé, c’est sûr ! » Sans compter que les enseignements de « oui si » se font généralement en petits groupes. Ainsi à la Faculté des sciences sociales, qui propose au deuxième semestre des ateliers à la carte, « on a l’impression d’une certaine sortie de l’anonymat, témoigne le doyen, Jean-Daniel Boyer. La lecture des copies du premier semestre m’a donné l’impression d’étudiants plus concernés ».

« On tâtonne »

Une impression globale favorable, qui ne doit pas faire oublier que le dispositif est loin d’être parfait. A commencer par l’aiguillage des étudiants. Ils sont nombreux à exprimer perplexité, incompréhension voire colère. Ainsi Elea, en langue : « On n’a jamais fait de japonais : sur quels critères ils nous ont classés ? » Certains qui ne devraient pas y être sont en « oui si », et inversement. Une difficulté que reconnaît Benoit Tock : « La perception de chacun face à la réussite et de l’échec est sensible ». Pour le vice-président Formation, pouvoir intégrer les étudiants au dispositif en cours d’année serait un premier pas pour éviter ce sentiment de « stigmatisation ».

Obligatoire ou facultatif pour les étudiants, présent ou absent d’une filière à l’autre… Les modalités d’application du « oui si » fluctuent à l’Unistra. Tous les enseignants le disent : « On tâtonne dans l’application ». Des ajustements vont être nécessaires pour le « oui si 2.0 ». « Les enseignements transversaux sont les plus compliqués auxquels faire adhérer les étudiants. Ils n’y voient pas de bénéfice direct », explique Marie-Pierre Maechling-Mounié. L’enjeu va donc être de créer davantage de lien entre ces enseignements et ceux de la discipline : exposés ou fiches de synthèse portant sur le programme, par exemple. En sciences fondamentales, où l’effort a davantage porté sur le renforcement disciplinaire, « nous souhaitons encore approfondir l’accompagnement personnalisé, avance Rachel Schurhammer. Des tuteurs étudiants devraient également prêter main-forte au dispositif. »

Verre à moitié plein

Car la question des moyens humains se pose avec acuité : si des financements ont été alloués par l’université, avec notamment l’embauche de deux enseignants contractuels à travers l’Idip, le reste des enseignements « oui si » est basé sur le bon vouloir des enseignants, rémunérés en heures supplémentaires.

Certains d’entre eux s’interrogent face à cette population très hétéroclite dans les rangs du "oui si". « On intéresse les étudiants les plus motivés à travailler, mais quid des autres ? », soulève ainsi Matthieu Louis. Pour Nathalie Hillenweck, de la direction des études de la Faculté des langues et vice-présidente déléguée à l’insertion professionnelle, ce dispositif doit être considéré pour ce qu’il est : « Une réponse partielle à des problématiques plus larges, celles du décrochage et de l’orientation, qui se pose dès le lycée. »

Sur cette question, Matthieu Louis veut voir le verre à moitié plein : « « Quand on parvient à créer de la proximité, à accélérer leur adaptation au monde universitaire et à ses exigences, ou les aider dans leur projet de réorientation lorsqu’ils ne se plaisent plus dans leur filière, alors notre travail constitue déjà un succès en soi et justifie l’énergie que l’on investit dans le dispositif ».

En tous les cas, les bénéfices d’une telle mesure, par ailleurs très difficiles à quantifier, ne pourront s’observer que sur le long terme. Pas avant trois ou quatre ans.

Elsa Collobert

1 Les parcours « oui si » n’étaient pas ouverts aux redoublants.
2 Dans les filières non sélectives, tous les candidats peuvent s'inscrire dans la filière choisie, sous réserve de places disponibles.

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