Lauriane Renaud est diplômée en biologie végétale (Master 2) et étudiant-entrepreneur. Son projet de Start-Up « Micro-P » vient d’obtenir un des trois Grands prix Pépite délivrés au niveau national. « Un tremplin, un coup de pouce, et presqu’un coup de pied », selon la lauréate.
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24/01/2019
« J’ai découvert la problématique des micropolluants à l’occasion d’un stage dans l’équipe MecaFlu (mécanique des fluides) du Laboratoire d’ICube. Et cela m’a passionné », explique Lauriane Renaud. Les micropolluants, ce sont de toutes petites molécules, en toute petite quantité, résidus de médicaments, de pesticides, d’insecticides. Leur dangerosité provient de leur accumulation dans l’environnement, et dans les organismes. « L’exemple le plus connu de leur impact est celui de poissons de rivière devenus hermaphrodites suite à l’absorption de micropolluants tels que les œstrogènes présents dans les contraceptifs, arrivés dans les rivières via les eaux usées ». Car les micropolluants sont si petits que les filtres des stations d’épuration ne peuvent pas les retenir. Ils sont extrêmement difficiles à détecter dans les milieux naturels.
Et c’est précisément sur cet aspect de la problématique que Lauriane a décidé de se concentrer. « Mon projet micro-P, consiste à élaborer des tests fiables mais néanmoins simples et abordables, pour détecter et quantifier des micropolluants dans l’eau et l’environnement. »
À partir du moment où Lauriane a défini son projet, en licence pro, elle demande et obtient le statut d’étudiant entrepreneur et adapte son parcours d’études à son projet en s’inscrivant en master de Biologie végétale. « J’avais besoin de comprendre les techniques actuelles de dosage des molécules pour pouvoir imaginer quelque chose de nouveau », précise-t-elle.
Grâce au statut d’étudiant entrepreneur, elle peut accéder au Biotech-Lab, un Fab-Lab de l’université géré par l’Ecole supérieure de biotechnologies de Strasbourg (ESBS). «Avoir accès à cette structure permet de travailler dans un laboratoire équipé en son nom propre et sur son projet personnel. Cette situation règle notamment la question de la propriété intellectuelle, ce qui compte beaucoup dans la crédibilité du projet et de sa viabilité dans le monde économique. »
Un prix pour le prestige … et pour financer une partie de la recherche et développement (RD)
Concernant le prix Pépite Etena, le plus amusant, c’est que Lauriane ne voulait pas candidater : « je pensais que le projet n’était pas mûr pour cela, que moi-même je n’étais pas prête. Je redoutais un peu la visibilité donnée au projet en cas de réussite, alors que pour l’instant, je n’ai rien à vendre. »
En effet, pour le moment Lauriane a fait la preuve de concept de son idée sur une molécule pharmaceutique, le méthotrexate. Elle a mis au point un test qui fonctionne. « Ce n’est même pas forcément un kit vendable. C’est juste un argument de vente. Mon projet, c’est plutôt de développer des kits sur demande, avec promesse d’achat, sur des molécules ciblées ».
En tous cas, l’équipe d’encadrant d’Etena l’a poussée à candidater au prix Pépite. Et elle a eu la surprise d’être lauréate régionale, puis l’une des trois lauréates du Grand prix, au niveau national. « En fait, j’ai eu beaucoup de contacts depuis, avec des industriels qui ont manifesté leur intérêt tout en connaissant les contraintes et le temps de la RD, donc ils ne sont pas surpris que je n’aie rien à vendre pour l’instant.»
Lauriane va déposer dans les trois mois qui viennent les statuts de son entreprise « Projet micro-P ». Elle cherche des associés pour se lancer avec elle, a déjà trouvé une directrice administrative et financière et aimerait trouver rapidement un directeur scientifique.
Le prix Pépite, ainsi que d’autres subventions qu’elle a obtenues, vont financer une part non négligeable de la recherche et développement qu’il lui reste à faire.
« Ce prix, c’est un tremplin, un coup de pouce, presqu’un coup de pied qui vous propulse subitement dans le grand bain, dans la vraie vie »
Caroline Laplane
Son parcours d’études
Bon à savoir
N’ayant pas réussi le concours de médecine, Lauriane se lance dans des études de physique. Elle fait une année de licence professionnelle Gestion de l’eau à l’Engees. C’est pendant cette année qu’elle découvre la problématique des micropolluants et pose les bases de son projet.
C’est pourquoi elle enchaîne sur un diplôme universitaire « pollution et nuisance » à la Faculté de droit pour maîtriser les aspects réglementaires de sa spécialité. Puis, elle s’inscrit dans un master de biologie végétale. Elle a obtenu son master 2 en septembre 2018.