Présentation
Fondée en 1966, l'UR 1340 GÉO compte parmi les grands centres européens d'études orientales, slaves et néo-helléniques. Équipe pluridisciplinaire par excellence, elle promeut une recherche interculturelle, interdisciplinaire, interuniversitaire et internationale. Spécialistes des études arabes, hébraïques, persanes, turques, slaves, néo-helléniques, japonaises, chinoises et sanskrites, ses enseignants-chercheurs affichent une production scientifique variée et focalisée sur la linguistique, la littérature, l'histoire et la civilisation des aires culturelles concernées.
Les doctorants et les étudiants de master bénéficient de la formation à la recherche mise en place sous la forme d'un séminaire mensuel sur la thématique fédératrice choisie, de journées d'études et de colloques. Les travaux de recherche des enseignants-chercheurs et des jeunes chercheurs sont publiés dans 2 collections spécifiques de l'unité abritées par les Presses universitaires de Strasbourg (PUS) : Études orientales, slaves et néo-helléniques et Classiques d'ailleurs/Commentaire, ou chez des éditeurs extérieurs. L'unité est administrée par un directeur, assisté par un directeur adjoint, 2 responsables et 3 coresponsables des publications, 2 responsables de la formation des doctorants, 2 responsables des relations internationales et un responsable de la communication et du site web.
Thématiques – Axes de recherche
Traces et effacements
Le projet scientifique pour le contrat quinquennal 2024-2028 est articulé autour de la thématique fédérative de « Traces et effacements ».
La « connaissance par traces » constitue depuis plus d'un siècle le socle épistémologique de l'histoire savante, selon la célèbre définition donnée par Langlois et Seignobos dans leur Introduction aux études historiques : « Les faits passés ne nous sont connus que par les traces qui en ont été conservées. Ces traces, que l'on appelle documents, l'historien les observe directement, il est vrai ; mais, après cela, il n'a plus rien à observer ; il procède désormais par voie de raisonnement, pour essayer de conclure, aussi correctement que possible, des traces aux faits. » (rééd. 1992 : 67). Des traces aux faits : cette construction épistémologique, élargie de l'histoire à l'ensemble des autres sciences humaines et sociales, a été maintes fois interrogée depuis cet âge du positivisme triomphant à partir de 2 questions majeures. Qu'est-ce qu'une « trace » ? Est-elle une simple survivance du passé, un vestige « conservé » jusqu'à nous qui s'offrirait à la « lecture » immédiate de l’observateur attentif – patrimoine qu'il s'agirait de préserver pour les générations futures – ou bien n'est-ce pas l'observateur qui distingue, délimite, « invente » (au sens de « trouve » ou « déniche ») les traces qui constitueront le fondement de son opération de reconstruction savante ? Et comment passer de la « trace » au « fait » ? De quelle nature est le raisonnement qui en procède ? Ne relève-t-il pas plutôt d'un « paradigme indiciaire » (Ginzburg), débouchant sur des résultats toujours incomplets et imparfaits, sans cesse à remettre sur le métier, plutôt que d'une expérience de laboratoire reproductible à l'infini ? En outre, la révolution numérique avec sa nouvelle économie de la trace, de la mémoire et de l'oubli invite à reposer ces questions.
3 axes ont été identifiés : il s'agira d’interroger le statut de la trace comme vestige (1), et de la trace comme indice (2). Puis, la trace à l'effacement, et retour (3), parce qu'elle porte en elle ce qui a été et les potentialités de ce qui en a été effacé, de réfléchir à la question de la trace comme étant enfin intrinsèquement le fruit de processus, un signe d'effacement, faisant signe vers ce qui s'est fragmenté ou a disparu.
Événements et travaux d'envergure
- Emilia Koustova et Alain Blum, Déportés pour l'éternité. Survivre à l'exil stalinien, 1939-1991, Éditions de l'EHESS et Ined éditions, 2024
- Victoire Feuillebois, Maître Tolstoï : l'instituteur dont vous ne voulez pas, CNRS éditions, 2024
- Séminaire international « Déchiffrage des écritures cursives japonaises », organisé en partenariat avec avec la European Association of Japanese Resource specialists (EAJRS) et le National Institute of Japanese Literature (NIJL), Unistra (Université de Strasbourg), 17-19 avril 2024
- Journée d'études « Engineering Imperial Memories. Putin's History Politics in Comparative Perspective », 8 avril 2024
- Thomas Boutonnet et David Lemler (dir.), Politique et sociétés au miroir de l'alimentation, PUS, 2023
- Rodolphe Baudin et al. (dir.), Russia, Europe and the World in the Long Eighteenth Century, Strasbourg, PUS, 2023
- Daniela Campo (avec E. Bianchi) (dir.), "Take the Vinaya as your Master": Monastic Discipline and Practices in Modern China, Brill, 2023
- Boris Oguibénine, avec les contributions de Katarzyna Marciniak, A New Buddhist Hybrid Sanskrit Reader, Harvard Oriental Series – Opera Minora 15, Georgias Press, 2023
- Colloque international « Intersecting Epistemologies, Captive Epistemologies: Turkish and Islamic Studies », Unistra, 16-17 juin 2023
- Colloque international « Isolement et espace dans les mondes orientaux, slaves et néo-helléniques », Unistra, 3-5 mai 2023
- Sandra Schaal, Discovering Women's Voices: The Lives of Modern Japanese Silk Mill Workers in their own Words, Brill, 2022
- Renaud Soler, Écrire, initier et transmettre, Institut français d'archéologie orientale, 2021
Prix et distinctions
- 2023, Victoire Feuillebois, prix scientifique Les Espoirs de l’Université
- 2023, Antonin Bechler, prix Maurice-Betz
- 2022, Renaud Soler, prix de thèse, lettres et sciences humaines « toutes spécialités », décerné par la Chancellerie des Universités de Paris
- 2021, Sandra Schaal, Prix Watsuji Tetsurô pour la culture (Japon)
- 2020, Victoire Feuillebois, prix Guy Ourisson