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L’anxiété chez les étudiants en médecine pendant la crise sanitaire liée à la COVID-19

Date de publication : 22/01/21

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Le Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé (Faculté de médecine de Strasbourg) et l’Unité de recherche en éducation médicale de l’Université de Genève (Suisse) mènent depuis 2018 une vaste étude portant notamment sur l’anxiété des étudiants en médecine. Débutée avant la crise sanitaire liée à la COVID-19, elle a permis de mesurer l’évolution de l’anxiété des étudiants à l’issue du premier confinement, remettant ainsi en cause plusieurs idées reçues.

Cette étude, qui est le fruit d’une collaboration entre des étudiants, des internes en médecine et des enseignants-chercheurs a été réalisée par :

  • Thierry Pelaccia, Professeur des universités-praticien hospitalier, directeur du Centre de formation et de recherche en pédagogie des sciences de la santé, Université de Strasbourg et Hôpitaux universitaire de Strasbourg
  • Jean Sibilia, Doyen de la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé
  • Élodie Fels, étudiante en cinquième année de médecine à la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé de Strasbourg
  • Lucas Gauer, interne en neurologie à la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé de Strasbourg
  • Audrey Musanda, interne en médecine générale à la Faculté de médecine, maïeutique et sciences de la santé de Strasbourg
  • François Severac, praticien hospitalier universitaire au Groupe Méthodes en Recherche Clinique du pôle santé publique des Hôpitaux universitaires de Strasbourg
  • Milena Abbiati, psychologue à l'Institut de psychiatrie légale des hôpitaux universitaires de Lausanne et à l'Unité de développement et de recherche en éducation médicale des hôpitaux universitaires de Genève

Fallait-il envoyer des étudiants en médecine dans les SAMU, les services d’urgence et les services de réanimation en situation de pandémie ?

La crise liée au COVID-19 a confronté les autorités universitaires et sanitaires du monde entier à une même question : faut-il mobiliser les étudiants pour venir en aide aux professionnels de santé dans la prise en charge les malades du COVID ? Le débat continue encore aujourd’hui à diviser.

Pour beaucoup, solliciter les étudiants dans ce contexte constitue une source d’anxiété supplémentaire chez une population déjà fragilisée. Aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en France, comme dans de nombreux autres pays, les décideurs, après avoir initialement suspendu tous les stages, ont toutefois autorisé les étudiants à retourner en milieu clinique sur la base du volontariat.

En 2018, l’ensemble des étudiants de la 2e à la 6e année de la faculté de médecine de Strasbourg ont été inclus dans une vaste recherche afin de mesurer leur niveau d’anxiété. En 2020, de nouvelles mesures ont été réalisées, en plein contexte de pandémie, avec un taux de réponse qui avoisinait les 80%. Le but était d’explorer le vécu des étudiants en médecine pendant la crise sanitaire et l’impact sur leur anxiété.

Parmi les 1180 répondants, 481 avaient décidé de retourner en milieu clinique pour aider les professionnels de santé. Ils ont été affectés dans onze hôpitaux alsaciens, la région de France la plus précocement et durement touchée par la crise sanitaire.

Une enquête menée par des étudiants, des internes en médecine et des enseignants-chercheurs

C’est grâce à la collaboration entre étudiants, internes en médecine et enseignants-chercheurs que l’enquête a atteint de tels taux de réponse.

Des résultats qui remettent en cause plusieurs idées reçues, confirmés aussi en Suisse

Le taux d’anxiété mesuré chez les étudiants en médecine était similaire à celui mesuré dans la population générale en période de COVID. Il a connu une augmentation modérée entre 2018 et 2020, avec, respectivement, 14 % et 7 % d’étudiants supplémentaires présentant une anxiété élevée et grave. L’impact de la pandémie sur le bien-être des étudiants est donc bien réel, mais il n’est pas aussi important qu’on pourrait spontanément le penser.

Les étudiants mobilisés en milieu clinique étaient moins anxieux que ceux qui sont restés chez eux. Leur niveau d’anxiété était similaire, et le plus souvent, non pathologique (c’est-à-dire faible à modéré) quel que soit le lieu d’affectation, y compris lorsqu’ils avaient travaillé « au front », dans des services hospitaliers de première ligne (SAMU, services d’urgence, réanimation). Des résultats préliminaires obtenus auprès des étudiants de la faculté de médecine de Genève conduisent aux mêmes conclusions.

L’hypothèse faite par les chercheurs est que le fait de se porter volontaire en se rendant en milieu clinique relève, sur le plan psychologique, de stratégies actives d’adaptation (stratégies de coping). L’engagement actif et le fait de concevoir une telle situation comme une opportunité d’apprentissage limiteraient l’anxiété.

Ce que l’on peut conclure de l’enquête

L’étude montre que sur le plan de l’anxiété, il n’est pas légitime de s’opposer à la mobilisation des étudiants en médecine en milieu clinique pendant de telles crises, y compris dans les services de première ligne, dès lors qu’ils sont volontaires et que leur protection contre le risque infectieux peut être assurée. La source majeure d’anxiété des étudiants étant liée au fait de devoir rester chez eux, il y a en revanche lieu de questionner le fait de vouloir à tout prix les maintenir à distance de leur environnement habituel de formation.

L’étude en chiffres

  • 1 180 participants, de la deuxième à la sixième année de médecine
  • Un taux de réponse qui avoisine les 80 %
  • 4 étudiants sur 10 se sont portés volontaires, dont la moitié a été affectée dans des services de première ligne (SAMU, urgences, services de réanimation)
  • Deux étudiants mobilisés sur trois estiment avoir développé de nouvelles compétences

Un étudiant sur six dit avoir été influencé par son expérience dans le choix de sa future spécialité

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