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Histoire d’un sauvetage qui finit bien

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19/12/2019

Assister à une noyade et n’écouter que son courage pour sauter à l’eau et ramener la victime à terre : dans certains cas, la belle histoire se termine mal. Heureusement, pour Christophe*, ingénieur de recherche au CNRS, sauveteur d’un jour un peu malgré lui, tout s’est bien terminé. S’il a décidé de témoigner de son expérience, c’est pour rappeler l’importance d’être formé aux gestes qui sauvent...

« Héroïque » : c’est ainsi que certains de ses proches ont qualifié le geste de Christophe. Lui estime pourtant n’avoir fait que son « devoir. Je ne cherche pas à glorifier l’être humain, certains l’auraient fait, d’autres non » − raison pour laquelle il témoigne aujourd’hui, tout en tenant à rester anonyme.

Lundi 18 novembre, au matin, l’ingénieur de recherche au CNRS relie le campus d’Illkirch, où il vient de donner cours, à celui de Cronenbourg. « À proximité de la grande mosquée et du club d’escalade, je suis interpellé par une jeune femme paniquée, qui m’indique que sa mère est en train de se noyer dans l’Ill. » Effectivement, il remarque un corps vêtu d’une doudoune rouge, flottant à la surface. « Il faisait très froid, c’était un jour de brume humide, j’avais honnêtement tout sauf envie d’aller dans l’eau. D’autant que la personne étant immobile, j’ai pensé qu’elle était peut-être déjà décédée. » Après ce court temps d’hésitation, ni une ni deux, « j’ai enlevé ma veste et mes chaussures et j’ai plongé ». La femme d’une cinquantaine d’années, « sans doute grâce à de l’air coincé dans son manteau », était finalement heureusement consciente. Il parvient à la ramener sur la berge, avec l’aide de sa fille.

Assurance ou témérité ?

Plutôt secoué – et frigorifié - par ce sauvetage improvisé, Christophe reçoit alors l’aide d’un riverain, qui l’invite à venir « prendre une douche et mettre des vêtements chauds ». Ce n’est que dans l’après-midi qu’il réalise « l’inconscience » dont il a fait preuve. « Je suis pourtant Sauveteur secouriste du travail (SST) depuis des années, je sais que la priorité dans ces cas-là est d’abord de se protéger soi-même. J’aurais d’abord dû prévenir les secours. D’autant que j’ai tout laissé en plan, mes papiers, mon vélo, et que personne ne savait où j’étais. » Mais, dans la précipitation du moment et avec la volonté réelle de venir en aide, il a suivi son instinct : « Je ne saurais pas dire si c’était de l’assurance ou de la témérité… Lorsqu’on entend des témoignages de personnes intervenant sur des accidents, on se demande toujours ce qu’on aurait fait à leur place. Là, j’ai la réponse… » Il faut dire aussi que la situation était plutôt chaotique : « La jeune femme qui m’a interpellé était au téléphone, j’ai pensé qu’elle avait peut-être les secours au bout du fil. Je n’avais pas la tête froide… »

Une sévérité à son propre égard que tempère Isabelle Leininger, formatrice SST et infirmière au Service de santé universitaire : « Certes la loi, qui instaure un devoir moral de porter secours à toute personne en péril, reconnaît la nécessité dans ce cas-là de ne pas se mettre en danger soi-même, pour éviter tout sur-accident1. Mais bien entendu, si on se sent en capacité il faut intervenir. »

Savoir nager

Dans le cas de Christophe, un heureux hasard a fait que depuis la rentrée, il est inscrit en cours de natation au Service des sports, « pour apprendre à mieux maîtriser les quatre nages ». Pour Josiane Wiederkehr, l’enseignante chargée de ce cours, l’histoire de Christophe témoigne, si besoin en était, de l’importance de savoir nager : « Même si c’était son cas en arrivant, le fait de se perfectionner donne davantage confiance en soi. »

« Hélas, les créneaux de piscine de l’université se réduisent comme peau de chagrin. Alors qu’il y a quelques années, nous apprenions à nager à 600 débutants par an, ils ne sont plus que 100 cette année. Je dois même refuser du monde, c’est un déchirement. » Ceci alors même que l’apprentissage de la natation est un objectif national, affiché par les ministères des Sports et de l’Éducation nationale, face à la recrudescence du nombre de noyades.

Plus que de s’être jeté à l’eau ce jour-là, ce que regrette le plus Christophe : « Ne pas savoir » ce qu’est devenue la rescapée…

Elsa Collobert

 * Le prénom a été changé

1 Extrait de l'article 223-6 du Code pénal : « [...] est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. [...] quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour le tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours. »

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