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Quand les locataires de la Tour de chimie prennent leur envol

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17/07/2019

Voilà vingt ans que des faucons pèlerins ont fait du toit de la Tour de chimie, point culminant de la ville après la cathédrale, un site privilégié de reproduction et d’envol. Le tout sous la vigilance attentive de la Ligue pour la protection des oiseaux Alsace (LPO) et de la Direction des affaires logistiques intérieures (Dali) de l’université. Qui rappellent que la survie des rapaces dépend de la bonne conduite des humains…

Dans un bringuebalement métallique, l’ascenseur stoppe au 14e étage. Pour rejoindre le « royaume des pigeons et des faucons pèlerins », il faut encore passer une série de portes verrouillées et de volées de marches, maculées de plumes et de déjections.

Le toit de la Tour de chimie offre un site d’installation idéal pour les faucons pèlerins : un poste d’observation haut perché, de nombreux rebords pour se poser et prendre son envol et surtout, un nichoir « grand luxe ». Il a été installé en 2010, à la faveur d’une convention liant depuis la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et l’Unistra, à travers sa Direction des affaires logistiques intérieures (Dali).

Le plus rapide au monde

Depuis, il n’est pas rare ici d’observer les vols de ce petit rapace, qui privilégie pour se nourrir la chasse en piqué de petites proies à plumes, pinsons, corneilles ou pigeons. Le volatile, animal le plus rapide au monde, rivalise avec les TGV, atteignant 350 km/h. Les avions de chasse n’ont rien inventé...

C’est en 2000 qu’a été repérée la première nidification de pèlerins sur la tour. Ce qui en fait le premier site urbain d’Alsace, et même de France. Les conditions sont idéales : l’endroit est situé sur un important axe migratoire, avec le Jardin botanique et le parc de la citadelle voisins. Soit un garde-manger bien fourni, à quelques battements d’ailes. En attestent les sites de nidification voisins, très proches, des congénères de cette espèce territoriale : l’église d’Illkirch, deux silos du port du Rhin, une cheminée à Schiltigheim. Le site de la Tour de chimie affiche de très bons résultats : un à quatre jeunes prenant leur envol chaque année, et seulement un échec de reproduction (absence de ponte) sur les huit dernières années.

Au bord de l’extinction

Le faucon pèlerin revient de loin : présente partout sur la planète sauf en Arctique, l’espèce a frôlé l’extinction au siècle dernier. « Loup, lynx ou hibou grand-duc (grand prédateur du pèlerin) : on pense souvent que la montagne est leur habitat privilégié. Mais bien souvent, il s’agit en fait de leur dernier refuge », explique Sébastien Didier, chargé de mission à la LPO Alsace.

Au plus bas, seulement huit couples sont recensés dans le Massif vosgien. « Le faucon pèlerin étant situé en haut de la chaîne alimentaire, il a très vite été considéré comme une espèce bio-indicatrice. » Grâce aux mesures de protection mises en place dans les années 1970, il réintègre peu à peu son habitat naturel, et fait son retour en plaine au tournant des années 2000. Qu’elles soient persistantes (pesticides) ou en expansion (activités de pleine nature comme l’escalade, le géocaching, le trail…), les menaces continuent à peser sur le pèlerin… dont l’intervention humaine n’est pas la moindre !

Février-juin, période sensible

« Envol imminent » : au printemps, des affiches fleurissent sur et aux alentours de la Tour de chimie. La période la plus sensible, de février à juin, est notamment marquée par la couvaison des œufs puis des jeunes, et leur envol. « Il ne faut alors surtout pas s’en approcher, au risque de mettre en péril tout le processus », explique Olivier Steck, bénévole de la LPO, chargé de la coordination du suivi du faucon pèlerin en plaine. Sur un site tel que celui de la tour, les dangers sont nombreux, comme l’intervention de géomètres ou de techniciens sur l’ascenseur. « Le pire, c’est que les gens ne pensent pas à mal en venant prendre quelques photos… » Avec l’ambition d’une intrusion minimale, des webcams sont parfois installées, comme sur le clocher de l’église d’Illkirch.

Les bénévoles de la LPO, parmi lesquels Delphine Lacuisse et Marie-France Christophe, mènent donc un inlassable travail d’observation des oiseaux, et de sensibilisation des riverains, enseignants et personnels de l’université. « Quand il arrive que des jeunes tombent lors de leurs tentatives d’envol, les gens savent maintenant qu’il faut nous prévenir », poursuit Oliver Steck. C’est d’ailleurs arrivé cette année et en 2016 avec une remontée par ascenseur ! Public plus sensible à toucher, les étudiants ont bénéficié cette année d'un atelier, organisé pendant la Semaine de l’environnement.

La LPO peut compter sur le dialogue constructif mise en place avec la Dali : « Une année, l’installation d’une antenne a pu être retardée, parce qu’on se parle depuis longtemps ! », se félicite Olivier Steck. L’ombre de la réfection de la tour plane sur le futur : « Ce serait dommage que le projet, quel qu’il soit, n’intègre pas les faucons », souligne Sébastien Didier. A suivre…

Elsa Collobert

N. B. : Toutes les photos ont été réalisées depuis le sol ou un immeuble voisin en digiscopie (focale équivalente à 2 200 mm) pour ne pas déranger les oiseaux.

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