Culture, sciences et société International
Date de début :
28/05/15
Date de fin :
28/05/15
Lieu : Salle 4202 - Le Patio - Campus Esplanade
L’Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855) d’Arthur de Gobineau résulte bien moins, on le sait, d’une démarche scientifique que de la vision du monde de son auteur. Aucun projet politique ne peut être déduit de cette pensée absolument pessimiste – ce qui suffirait d’ailleurs à le dédouaner de la moindre responsabilité dans la formation de l’idéologie nazie. Le portrait que Gobineau dresse des « Arians-Germains » permet néanmoins de circonscrire une idée du bien politique, qu’il est dès lors loisible de confronter à son expérience réelle des pays nordiques, en particulier de la Suède-Norvège où il résida en tant que diplomate de 1872 à 1876. Les résultats de l’enquête sont étonnants. Loin des options réactionnaires « ultra » qu’il se plaît à afficher, Gobineau se montre en effet l’héritier particulièrement peu original d’une tradition libérale dont la généalogie est aisément identifiable, soucieuse de liberté individuelle, de modération dans l’exercice du pouvoir et de progrès humain. À ces idéaux, l’impérialisme européen de son temps présente une contradiction majeure ; ce sera la remarquable singularité de Gobineau que de s’en faire le critique, sinon le dénonciateur.