De la prothèse à l'homme augmenté : fiction ou réalité ?

Date de publication : 27/01/17

ThèmesSciences humaines et sociales À la une 

Cette année, le Forum européen de bioéthique s’intéresse au transhumanisme, à l’humain et au post-humain. Avec l’essor des biotechnologies, de la médecine et des nouvelles technologies en général, l’homme se transforme sous nos yeux, physiquement, matériellement… Parmi les nombreux thèmes abordés, il sera question des prothèses qui réparent l’homme ou qui « l’augmentent ». Valentine Gourinat, doctorante en éthique à la fois à l’Université de Strasbourg et à l'Université de Lausanne, apportera sa vision tranchée sur cette question.
L’homme qui valait trois milliards ou, plus récemment, Robocop, sont deux héros cyborgs qui relèvent de la science-fiction mais qui, dans l’imaginaire collectif aujourd’hui, pourraient bien devenir réalité. À travers les médias, la société « rêve » l’homme augmenté, « un homme qui pourrait dépasser les limites de la condition humaine actuelle grâce aux transformations physiques issues des nouvelles technologies, détournées de leur usage thérapeutique à des fins amélioratives », comme le définit Valentine Gourinat (photo). Dans le cadre de son travail de thèse, la jeune chercheuse s’interroge sur l’impact de ces représentations sur le milieu du handicap, et en particulier sur les personnes amputées appareillées avec une prothèse. La société « rêve » l'homme augmenté, la réalité est toute autre « Dès le début de mes études, d’abord en philosophie, je me suis intéressée à l’image du corps, au schéma corporel. Dans le cadre de mon master recherche en éthique, j’ai voulu comprendre comment des personnes avec une prothèse se reconstruisaient, comment ils percevaient cette situation et comment cela était perçu en retour », détaille Valentine. Son premier stage de terrain au Centre de réadaptation Clémenceau joue le rôle de déclic. Il la pousse à approfondir sa réflexion, à travers une thèse. « Ce que j’ai pu observer et entendre au cours de mes échanges avec les patients était en complet décalage avec l’image véhiculée par les médias, voire le discours scientifique. »
Premier constat : on est bien loin encore de la notion d’homme augmenté. Si les personnes handicapées appareillées avec une prothèse voient leur vie améliorée, leurs capacités physiques n’en restent pas moins diminuées. La mobilité est retrouvée au prix de nombreux efforts, d’un séjour en réadaptation souvent long et douloureux. La prothèse reste un élément externe qui doit s’adapter au corps du patient, sur une zone sensible. Un impact parfois négatif sur les parcours de soins Autre constat mis en exergue par Valentine : « Les représentations véhiculées par les médias et le discours scientifique ont des conséquences sur les parcours de soins et les solutions thérapeutiques qui peuvent être proposés aux patients ou choisis par ces derniers. Elles ont aussi un impact sur leurs relations avec l’extérieur et leur entourage et peuvent paradoxalement être vecteurs de discriminations ».
Tout l’enjeu des travaux de recherche de Valentine est donc de comprendre les raisons de ce décalage entre réalité et perceptions au travers d’une analyse détaillée de la façon dont les médias et les scientifiques traitent du sujet. Et pourquoi pas réussir à moduler les représentations ainsi véhiculées. L’objectif de cette jeune chercheuse passionnée est clair : remettre la question des soins et les besoins du patient au premier plan !

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