Les ondes électromagnétiques 4G ont-elles un impact sur la mémoire ?

Date de publication : 11/12/15

ThèmesRecherche 

Depuis septembre 2015, Anne Pereira, chargée de recherche Inserm au sein du Laboratoire de neurosciences cognitives et adaptatives (UMR 7364), pilote un projet de recherche inédit et innovant qui consiste à étudier, chez le rat, l’effet d’une exposition chronique aux ondes électromagnétiques 4G sur la formation et la persistance d’un souvenir spatial.
« Ce type de signal est encore nouveau et ses effets peu explorés par la communauté scientifique internationale, commente le chercheur. À ce jour, les études chez l’homme et l’animal ont surtout concerné des expositions aux radiofréquences de la téléphonie mobile de type 2G ou 3G. » Ce projet est financé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) auprès de qui Anne Pereira intervient depuis plusieurs années en tant qu’expert « cognition et mémoire » dans le groupe de travail « Radiofréquences et santé ». « L’une des missions de ce groupe est de répondre aux questions de santé publique que posent le développement des technologies utilisant des radiofréquences et les changements dans l’usage de ces technologies. Il s’agit aussi d’informer les parties prenantes des nouveaux résultats de la recherche et de contribuer ainsi au débat sociétal. » Pour cela, le groupe de travail publie régulièrement des rapports d’expertise collective. Cette vision globale a permis à Anne Pereira de proposer ce projet de recherche inédit à ce jour, dont le financement provient de la taxe prélevée chez les opérateurs de téléphonie mobile. Cette taxe est gérée par l’Anses, qui lance ainsi chaque année un appel à projets dans le domaine des radiofréquences pour répondre à des questions de santé et de société récurrentes.

Un projet inédit qui contribue au débat sociétal

Les effets des radiofréquences sur la cognition et la mémoire sont très controversés. L’idée populaire souvent véhiculée est que ces ondes auraient un effet néfaste sur le cerveau et en particulier sur la mémoire. « D’ailleurs, dès qu’une étude va dans ce sens, elle est reprise et largement diffusée, commente Jean-Christophe Cassel, directeur du laboratoire. Or, la plupart du temps, elle n’est pas rigoureuse d’un point de vue expérimental, notamment par manque de contrôle du système d’exposition et manque de preuves d’une dosimétrie fiable. » « Pourtant, plusieurs études d’une équipe américaine montrent un effet positif dans différents tests de mémoire d’une exposition chronique à des ondes 2G sur des souris âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, ajoute Anne Pereira. De plus, les auteurs constatent une diminution des plaques amyloïdes. »

Un système d’exposition aux ondes et de dosimétrie rigoureux 

« Ce nouveau projet d’une durée de quatre ans va nous permettre d’explorer de manière approfondie l’impact d’une exposition aux ondes 4G sur la mémoire à long terme de rats dans des tranches d’âges différentes, soit adolescent/jeune adulte, adulte, et âgé », détaille Anne Pereira. Pour ce faire, l’équipe strasbourgeoise s’est associée à la fondation It’is à Zürich, spécialiste de la biophysique et de la physique des ondes électromagnétiques ; c’est une référence mondiale dans le domaine des systèmes d’exposition et de la dosimétrie. Le laboratoire est aujourd’hui équipé d’une chambre « réverbérante » blindée qui permet d’exposer en même temps 24 rats en cage d’élevage à un champ électromagnétique homogène. « Contrôler de manière précise l’exposition et la dosimétrie est un paramètre important si l’on veut avoir des données interprétables », explique le chercheur. Dans cette étude, chaque groupe de rats sera exposé de manière régulière, tous les jours de la semaine pendant quatre heures, durant trois mois, à un champ évoluant selon le poids des animaux. « Dans notre projet, nous avons choisi de mimer des conditions d’exposition environnementale (type antenne relais de téléphonie mobile). » Les animaux seront ensuite soumis à des tests cognitifs classiques pour détecter un éventuel effet sur leurs capacités d’apprentissage et de mémoire spatiale. L’originalité du projet réside aussi dans le fait que « nous nous pencherons sur l’effet de ces radiofréquences sur les mécanismes moléculaires de type épigénétique impliqués dans la formation/persistance des souvenirs, et qui sont sensibles à divers facteurs environnementaux», conclut le chercheur. Anne-Isabelle Bischoff

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